À Voiron, la fibre optique se déploie. Ça
se voit dans les rues, entre les tranchées dans la voirie et les câbles
déroulés. Ce qui se voit moins, c’est la bataille juridique que se livrent
Orange et la Ville de Voiron. Sur fond de guerre entre Orange et SFR. Pour
comprendre, il faut revenir en arrière…
En 2011, l’État a en effet lancé un
programme pour couvrir l’intégralité du territoire national en très haut débit
d’ici à 2022. Par conventionnement, il appartient aux opérateurs de
télécommunication de déployer les réseaux jusqu’aux foyers. Ils se sont partagé
le gâteau, Orange raflant 80 % de la mise.
Trois lots en un
Orange a donc la charge de déployer la
fibre optique à Voiron. L’entreprise a engagé des études en 2015 pour commencer
les travaux en 2016, la commune étant découpée en quatre lots. « Nous
avons présenté le schéma à la Ville, explique Didier Chaminade,
délégué régional d’Orange dans les Alpes. Elle doit le valider car c’est elle
qui donne les autorisations de travaux sur la voirie. » Le premier lot a
bien été déployé.
Au printemps 2017, Orange a alors fait une
proposition à la municipalité : « Déployer les trois autres lots en
une seule fois. On envisageait un déploiement massif en 2018 pour terminer les
installations en 2020. En revanche, on avait besoin d’une année d’étude,
entre 2017 et 2018. » Mais une fois ce plan présenté,
« nous n’avons plus eu de nouvelles des élus », poursuit Xavier Picart, directeur des relations entre Orange et les
collectivités en Isère.
Début 2018, Orange a finalement relancé
auprès de la Ville une demande de travaux. « Nous avons reçu un refus, fin
mars. » Le motif ? « La commune avait choisi SFR pour déployer
la fibre sur le reste de son territoire. Sauf que c’est illégal ! C’est à
l’État de délivrer les licences de déploiement aux opérateurs. Les communes
n’ont pas ce pouvoir ! »
Orange a alors attaqué la Ville. Le
tribunal administratif de Grenoble lui a donné raison le 3 mai. La société
a une fois de plus relancé une demande d’installation d’armoire. Elle a reçu
fin mai un autre refus, avec de nouveaux motifs… « Nous sommes très
déçus, commente M. Chaminade. Notre intention est de
travailler en bonne intelligence. Nous sommes prêts à faire des efforts. Ce que
je regrette, c’est que le déploiement de la fibre a pris un an de
retard… » Ce n’est pas le point de vue de SFR (lire ci-contre), qui en a
profité pour poursuivre le déploiement.
Par Karine BONNET | Publié le 11/06/2018 à
06:05 | Le Dauphiné