27 juin 2013 à 08:23 (Mis à jour: )

 Le Premier ministre déclare dans un entretien à «L'Usine nouvelle» être en accord avec ce document, qui recommande de reporter le développement du réseau TGV. Par AFP

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault déclare, dans une interview à L’Usine nouvelle publiée jeudi, partager le diagnostic du rapport Duron sur les transports, qui propose notamment de différer la construction de plusieurs lignes de train à grande vitesse.

Accusant le précédent gouvernement d’avoir commis «une erreur et un mensonge» en laissant croire que le secteur pourrait bénéficier de 250 milliards d’euros en vingt ans, Ayrault assure que le rapport Duron «sort de ce mensonge et fait un diagnostic précis, que je partage, de nos besoins de transport». Ce rapport de la commission Mobilité 21, dirigée par le député PS Philippe Duron et qui doit être remis officiellement le 27 juin au gouvernement, ne retient qu’une seule LGV (Bordeaux-Toulouse) à l’horizon 2030. Il privilégie la desserte ferroviaire de proximité au lieu de la grande vitesse.

«Le précédent gouvernement a fait une erreur et a commis un mensonge», déclare le chef du gouvernement à L’Usine nouvelle, en expliquant pourquoi il avait voulu cet état des lieux. «L’erreur, c’est qu’il s’est concentré sur les infrastructures en oubliant la qualité des services ! Le mensonge est d’avoir laissé entendre qu’on pourrait faire plus de 250 milliards d’investissements dans les vingt prochaines années ! C’est irréaliste financièrement et techniquement.»

«Le rapport de la commission sort de ce mensonge et fait un diagnostic précis, que je partage, de nos besoins de transport», se félicite Jean-Marc Ayrault. Il propose de «reprendre à notre compte ses recommandations préalables : continuer à investir, axer nos interventions sur la qualité de service, investir là où c’est le plus utile pour la croissance du pays».

Aux élus regrettant de voir leurs projets de grande vitesse reportés à après 2030, il répond que «le pays est largement maillé, par des voies ferrées et des autoroutes qu’il faut rénover. Je sais que ce grand maillage est imparfait et nous le corrigerons. Je leur réponds aussi que les grandes métropoles dont ils sont souvent élus doivent tirer la croissance de la France. Je leur dis que les nouveaux projets ne sont que la partie émergée d’un iceberg dont le reste est constitué des réseaux qui doivent être profondément rénovés, tant pour les infrastructures que pour le matériel roulant.»

«Les choix que nous aurons à faire avec les élus, dans la concertation, ne consistent pas à se demander si nous mettrons des moyens dans les transports. Nous les mettrons. La question est de savoir de quels types d’investissements nos territoires ont le plus besoin à court et moyen terme», ajoute le Premier ministre.

Récit La dernière version du rapport Duron conseille de parer au plus urgent, la rénovation des infrastructures, au détriment des LGV, reportées à l'au-delà 2030.

Par CATHERINE MAUSSION

Infographie TGVIl va falloir s'en faire une raison. L'histoire d'amour de la France avec la grande vitesse est en train de se fracasser sur l'écueil du financement. C'est ce que révèle la dernière mouture du rapport Duron, dit de la Commission mobilité 21, dont Libération s'est procuré une copie. La version finale doit être présentée officiellement le 27 juin, mais des fuites (Usine Nouvelle, Mobilicités...) ont commencé à alimenter un début de polémique. Cette commission nommée cet automne par Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, avait été sommée de classer les projets d'infrastructure routière et ferroviaire en fonction de leur priorité. Trier parmi plus de 70 projets listés dans le Snit (Schéma national des infrastructures de transport, sorte de catalogue exhaustif établi sous la présidence de Nicolas Sarkozy), pour un coût global de près de 250 milliards d’euros, est une rude tâche soumise à moults lobbies, notamment ceux des élus locaux.